Paul-Henry Chombart de Lauwe
Le monde géographique et social vu d’en haut
La photographie aérienne lui a révélé une vision du monde qu’il cherche désormais à faire ressortir. Après la guerre, nommé chargé de recherche au CNRS grâce à Rivet, il s’occupe d’introduire cette technique dans les outils de l’ethnographie au musée de l’Homme où il travaille les premières années. Il dirige en 1948 la publication d’un important ouvrage collectif qui fera date, La découverte aérienne du monde, pour lequel il utilise des photos de la mission Sahara-Cameroun. Dans le chapitre « L’homme et le milieu naturel », Griaule montre dans un premier texte ce que les photos aériennes apportent aux études ethnographiques, et Chombart de Lauwe, dans un second texte, ce qu’elles permettent de lire de la répartition de l’habitat, des structures et des transformations agraires.
Il publie en 1951 une méthodologie de terrain à l’adresse des ethnologues, Photographies aériennes. Méthode. Procédés. Interprétation. L’étude de l’homme sur la terre. Cette vision d’en haut de l’occupation de l’espace reste au centre de ses travaux ultérieurs, d’abord de son étude collective de Paris et l’Agglomération parisienne (2 vol.) entreprise au prisme des morphologies sociale et urbaine (1952), ensuite de son nouveau projet de thèse sur la vie quotidienne des familles ouvrières dans l’agglomération parisienne (dirigée par G. Gurvitch et publiée en 1956). Pour ses recherches ultérieures sur l’espace urbain, il abandonne progressivement le concept de morphologie, qu’il appliquait notamment à l’immigration [10]. Il adopte alors comme grille d’analyse les notions de besoins et d’aspirations, influencées par son humanisme et son ouverture à l’autre.