Ethnozoologie
Ethnozoologie et zoologie coloniale
Par certains aspects cependant, l’ethnozoologie rejoint également la zoologie coloniale, comme le suggèrent les articles de Marcel Griaule ou de Jean-Paul Lebeuf sur les « industries laitières » éthiopiennes, sur les noms donnés aux animaux domestiques et sur « l’élevage des volailles »[17]. Ces textes témoignent en effet de la rencontre entre, d’un côté, des recherches ethnographiques sur les techniques agricoles locales, et, de l’autre, des projets coloniaux de rationalisation de l’agriculture. Si l’attrait des ethnologues pour la faune sauvage explique en partie les prémisses de l’ethnozoologie, cet intérêt pour les techniques et les savoirs vétérinaires ou agricoles fonctionne comme un rappel de l’origine de cette notion, d’abord envisagée comme le premier chapitre des études zootechniques[18]. Il s’inscrit plus largement dans une perspective de mise en application des savoirs ethnographiques au service du développement des potentialités commerciales des colonies, projet porté par le Muséum national d’histoire naturelle puis par son antenne ouest-africaine, l’Institut français d’Afrique noire (IFAN). Suite au refus de Marcel Griaule d’assurer la direction de cet institut basé à Dakar, c’est Théodore Monod qui en assure la direction de 1938 à 1965. Quatre ans après sa prise de poste, ce dernier devient en outre titulaire de la chaire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale du Muséum, créée à l’initiative du ministre des Colonies en 1920. Marcel Griaule publiera d’ailleurs un article consacré à l’agriculture dans le Bulletin de l’IFAN après la guerre et sera l’un des correspondants privilégiés de Théodore Monod[19].