Gaston-Louis Roux
Une carrière artistique dans un univers surréaliste
Gaston-Louis Roux est né à Provins, le 24 janvier 1904. Après la Première guerre mondiale, sa famille s’installe à Paris. Enfant, Gaston-Louis Roux porte déjà un intérêt au dessin et à la poésie. Cette inclinaison artistique s’affirme lorsqu’à l’âge de quinze ans, il refuse la bourse d’étude dans le secondaire qui lui est offerte, préférant se consacrer à la peinture.
En 1919, il entre à l’Académie Ranson où il reçoit une formation classique basée sur l’importance du dessin et de la couleur. À l’instar des autres jeunes artistes qu’il côtoie, il s’intéresse alors aux mouvements d’avant-garde, principalement au cubisme. À la fin de ses études, il est engagé dans l’atelier de Raoul Dufy en tant qu’assistant décorateur. Il n’y restera qu’une année, son humour décalé étant jugé trop impertinent pour la maison. En 1924, il effectue son service militaire au service de la santé du Val de Grâce. Il est chargé de retoucher des photographies et de tracer des croquis de pièces anatomiques pour un ouvrage de médecine entrepris par les Éditions Quillet en 1918.
Deux ans plus tard, il fait la connaissance d’André Malraux, qui lui propose d’illustrer les Souvenirs d’Égotisme de Stendhal pour sa maison d’édition Aux Aldes. Dans la foulée, Pascal Pia et René Bonnel font appel à ses talents de dessinateur pour illustrer plusieurs livres érotiques [1].
L’année 1927 marque un tournant dans la carrière de l’artiste. Par l’intermédiaire d’Élie Lascaux, Gaston-Louis Roux rencontre le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, qui représente alors les peintres cubistes Picasso, Braque, Gris et Derain. Kahnweiler entrevoit chez Roux un talent très prometteur, résolument moderne, « avec une originalité absolument certaine » [2] et lui offre un contrat d’exclusivité. Il organise sa première exposition en 1929. En intégrant la galerie Simon, Gaston-Louis Roux gagne en notoriété et en stabilité financière. Certaines de ses oeuvres sont achetées par Fernand Léger, Marie-Laure et Charles de Noailles et Raymond Queneau [3].
Gaston-Louis Roux n’est plus un peintre isolé, il entre dans le cercle des artistes, poètes et critiques d’art qui gravitent autour de la galerie. Dans ce climat d’émulation artistique que Kahnweiler savait rendre familial, il participe aux « réunions du dimanche après-midi » à Boulogne-Billancourt, dans la maison du marchand, où il côtoie les surréalistes dissidents comme André Masson et Robert Desnos, qui deviendront des amis, Max Jacob, le poète et historien de l’art Carl Einstein ainsi que Michel Leiris, par l’intermédiaire duquel il sera intégré à la mission Dakar-Djibouti.
Peu avant 1928, Gaston-Louis Roux fait la connaissance de Roger Vitrac, homme de théâtre et critique d’art, récemment exclu du mouvement surréaliste. Entre les deux hommes se nouent une profonde amitié et une relation professionnelle basées sur un même refus des conventions et de la bourgeoisie, un humour enfantin, souvent énigmatique, parfois irrévérencieux.