Gaston-Louis Roux
Retour en France dans un contexte financier difficile
À son retour en France, le peintre réintègre le milieu artistique qu’il avait quitté. II renoue également avec ses amis du milieu littéraire et est alors choisi comme membre du jury du premier Prix des Deux Magots créé en 1933 par M. Martyne, bibliothécaire de l’École des beaux-arts, et par Roger Vitrac.
Prolongeant l’aventure éthiopienne, il collabore au numéro de la revue Minotaure [11] consacrée à la mission. Il réalise la couverture de la revue, comme l’avait fait avant lui Picasso pour le premier numéro [12].
Il publie par la suite plusieurs articles dans le magazine grand public Voilà [13], dans lesquels il revient sur la mort du Colonel Peluso et son expérience abyssine, ainsi que dans la revue artistique La Bête noire [14] où il relate sa mission de peintre et démaroufleur à Gondar.
Quelques mois après son arrivée à Paris, la seconde exposition personnelle du peintre est organisée du 19 juin au 1er juillet 1933 à la Galerie Simon : Gaston-Louis Roux : quelques oeuvres récentes. Après plus d’un an d’absence, Gaston-Louis Roux connaît à nouveau le succès. Les critiques remarquent un réchauffement de sa palette, une plus grande attention à la lumière et même une certaine influence éthiopienne, à travers l’inspiration des dessins d’enfants qui avaient été relevés par Griaule dans les églises du Godjam. Si l’exposition à la galerie Simon est une réussite au niveau artistique, le succès commercial n’est pas au rendez-vous en raison de la crise financière qui touche alors l’Europe. La galerie Simon rencontre des difficultés qui contraignent Kahnweiler à suspendre les contrats avec ses plus jeunes artistes, dont Gaston-Louis Roux fait partie.
La peinture ne permet plus à Roux de vivre d’autant qu’il rencontre en 1935, par l’entremise de Georges Bataille, celle qui deviendra son épouse, Pauline Chenon [15]. Par conséquent, en 1936, sur les conseils de son ami Robert Desnos, il réalise un essai à Radio-Luxembourg où il restera quatorze mois avant que Louise Leiris et Armand Salacrou ne lui obtiennent un poste à Radio-Cité et lui permettent ainsi de revenir s’installer à Paris. L’emploi de speaker, certes alimentaire, ne lui déplaît pas, d’autant qu’il lui laisse du temps pour se consacrer à la peinture. Le jeune couple s’installe impasse Ronsin, tout près de l’atelier de Brancusi. Pendant la guerre, Roux oeuvre comme infirmier dans un train sanitaire. En 1941, la famille s’agrandit avec la naissance de Philippe, suivi de Catherine trois ans plus tard.