Hélène Gordon
De l’ethnologie au journalisme
En septembre 1935, le parcours professionnel de la jeune africaniste bascule définitivement vers le journalisme après sa seconde rencontre avec son futur époux Pierre Lazareff, à l’occasion d’une soirée chez la célèbre aventurière Titaÿna [7]. Directeur de rédaction à Paris-Soir, Lazareff confie à Hélène Gordon la page dédiée aux enfants dans le supplément dominical du journal. Elle tiendra cette rubrique depuis la création de Paris-Soir Dimanche le 22 décembre 1935 jusqu’à la disparition de cette édition hebdomadaire en septembre 1939. Sous son nom ou sous le pseudonyme de « Tante Juliette », Gordon adapte des contes ou de courts récits destinés à la jeunesse, publie les dessins qu’on lui envoie, imagine des jeux et tient le courrier des lecteurs dans la rubrique « Les petits enfants nous écrivent ». En septembre et octobre 1937, elle anime une émission hebdomadaire – « La demi-heure joyeuse des enfants » – sur la radio de Paris-Soir, Radio-37. Avant-guerre, elle collabore aussi au magazine Marie-Claire, créé en 1937, en traduisant notamment des nouvelles anglo-saxonnes.
Si les récits de jeunesse publiés sous son autorité se rapportent souvent à des aventures exotiques [8], Hélène Gordon n’a plus de lien scientifique ou institutionnel avec l’ethnologie à partir du 8 janvier 1936, date de sa conférence sur le totémisme dogon à la Société des africanistes, où elle venait d’être élue [9]. Elle épouse Pierre Lazareff en avril 1939, et, en 1945, elle fonde le magazine féminin Elle qu’elle dirigera pendant près de trente ans. Un tel parcours – de l’ethnographie au journalisme, des enquêtes sur les femmes dogon à la presse féminine, et de la sécheresse des fiches aux récits littéraires – est sans doute le résultat de son aspiration à une vie libre, indépendante et trépidante, sur le modèle de son amie Titaÿna [10].