Koguem Dolo
La collaboration avec Marcel Griaule
En 1946, lorsque Marcel Griaule revient pour la première fois en pays dogon depuis 1938, Koguem Dolo est déjà sergent dans le 2e régiment de tirailleurs sénégalais. Il est alors en permission à Sanga, son village natal, après avoir participé à la campagne de France [3]. Son congé s’achève en principe début octobre, mais Griaule obtient des autorités militaires que le jeune sous-officier soit mis à sa disposition jusqu’à la fin de sa mission [4]. Du 20 octobre au 2 décembre 1946, Koguem sert ainsi d’interprète à Griaule lors de son enquête sur la cosmogonie dogon auprès du vieil aveugle dogon Ogotemmêli Dolo. Son rôle va d’ailleurs au-delà d’un simple travail de traducteur : après chaque entretien, il synthétise, commente et complète les déclarations de l’informateur, ou encore reconstitue en dogon certains de ses propos [5]. Par ailleurs, cette collaboration ne passe pas inaperçue puisqu’elle débouche en 1948 sur la publication, par Griaule, de son livre Dieu d’eau [6], chronique littéraire et romancée des échanges entre l’auteur, Ogotemmêli et Koguem.
Griaule est tellement satisfait de l’aide décisive apportée par Koguem qu’il ne veut plus d’autre interprète que lui. Pour chaque nouvelle mission jusqu’en 1952, il demande – et obtient – qu’il soit mis à sa disposition par l’armée. D’autre part, le rôle attribué à Koguem est de plus en plus important. En 1948, il est à la fois l’unique interprète de Griaule, l’un de ses trois informateurs principaux et son enquêteur délégué auprès d’informateurs de régions voisines. Basé à Kati, Koguem accompagne aussi Griaule entre Bamako et Sanga pour participer avec lui aux études comparatives menées en pays bambara et bozo.
En 1950, Koguem, promu sergent-chef, est à nouveau détaché auprès de Griaule, mais c’est surtout durant l’année 1952 et au début de l’année 1953 qu’il apparaît au centre du dispositif de recherche sur les systèmes de pensée dogon, bambara et bozo : il est à la fois l’interprète de Griaule sur son terrain dogon, son unique informateur en France et à Bamako (en particulier sur la détermination des insectes et leur classification [7]), et enfin son collaborateur privilégié – avec Germaine Dieterlen – lors d’enquêtes itinérantes le long du fleuve Niger [8]. Il participe aussi aux collectes zoologiques ou botaniques.