Mission Lebaudy-Griaule
Les résultats scientifiques
En recoupant archives et rapports, on constate que la mission peut se prévaloir des résultats quantitatifs suivants : entre 5 500 et 7 000 photographies, dont 2 000 à 2 500 vues aériennes ; 150 enregistrements musicaux (chants, orchestres et rythmes de danse) ; 1 500 mètres de film (essentiellement sur les danses et les techniques) ; 2 000 fiches ethnographiques ; 22 manuscrits arabes ; 4 vocabulaires de 600 à 1 300 mots ; un herbier de 150 plantes ; une collection de 350 insectes et de 50 oiseaux ou petits mammifères ; et un peu plus de 500 objets ethnographiques ou archéologiques.
Grâce aux photographies aériennes prises en 1939 et aux relevés effectués par Lebaudy ou par Griaule, plusieurs cartes sont établies et publiées, notamment pour la région du lac Iro [2] et pour les cités kotoko de Sao et Maltam jouxtant les sites de fouilles [3].
Parmi les objets ethnographiques collectés, la majorité d’entre eux – pour la plupart des jouets – sont déposés au musée de l’Homme et enregistrés sous la cote 71.1939.39, tandis que les 70 masques ou sculptures « artistiques » achetés pour le compte de Jean Lebaudy sont exposés au musée installé dans son château de Cabrerets, dans le Lot. Rassemblant des objets à la fois africains et préhistoriques, ce musée récupère aussi des objets sao issus des fouilles de 1939 (essentiellement des terres cuites : vases, représentations humaines ou animales, couvercle d’urne funéraire…). En 1963, à l’occasion de la vente du château, Jean Lebaudy fait don de sa collection sao, dogon et kouroumba au département d’ethnologie de l’université de Strasbourg, sur les conseils de sa belle-soeur Solange de Ganay et du professeur Dominique Zahan. En 1964, la totalité de cette collection sera d’ailleurs au coeur d’une exposition d’art africain à la Société générale alsacienne de banque, à Strasbourg. Toutefois, de tous les objets sao, seul le couvercle d’urne funéraire à visage humain est aujourd’hui mentionné dans l’inventaire de la collection Lebaudy-Griaule de l’université de Strasbourg [4].
Au terme de leur voyage, les membres de la mission publient une quinzaine d’articles scientifiques : informations médicales (sur les cancers et les goitres chez les Sara), notes biogéographiques (sur le lac Iro) et surtout notes ethnographiques (sur l’agriculture et la pêche autour du lac Iro, sur le xylophone des Sara ; sur les masques, la circoncision et le génie d’eau chez les Kouroumba ; sur les masques du nord du pays dogon) [5]. Les retombées médiatiques sont en revanche extrêmement faibles, tandis que les écrits littéraires consacrés à cette mission se réduisent à une vingtaine de pages sur le survol aérien des cités kotoko, dans le livre de Griaule Les Saô légendaires [6].