Mission Sahara-Cameroun
Les méthodes et les thèmes d’études
Pour leurs enquêtes ethnographiques comme pour leurs fouilles archéologiques, effectuées à la barre à mine, les membres de la mission alternent « coups de sonde » rapides en différents points de leur itinéraire et recherches plus approfondies sur un site prometteur ou dans une population peu connue. Par ailleurs, les études menées par Griaule et Lebeuf ont une dimension ethnoarchéologique, notamment lorsqu’ils cherchent à interpréter les traces archéologiques des anciens Sao en interrogeant les institutions et les légendes des Kotoko, actuels occupants des lieux.
Mais si les fouilles archéologiques prennent ici une importance inédite, avec 44 gisements prospectés et plusieurs relevés topographiques, les méthodes ne diffèrent guère de celles des missions précédentes. Griaule se charge à nouveau des photographies aériennes et s’en sert pour établir les plans de plusieurs cités kotoko, tandis que la récolte d’échantillons botaniques, entomologiques, linguistiques et ethnographiques continue. Par ailleurs, les principaux thèmes de recherche concernent toujours les jeux, les rites funéraires, le culte des ancêtres, les masques, le totémisme, la circoncision…
En revanche, la collecte d’objets ethnographiques ne suit pas les évolutions qui s’étaient déjà manifestées au moment de Sahara-Soudan et à la fin de Dakar-Djibouti. Pour son premier terrain africain, Lebeuf respecte scrupuleusement les enseignements de Marcel Mauss : au lieu de privilégier les objets rituels, il recueille de façon exhaustive et sans distinction tous les témoins matériels de la culture fali ou des sociétés voisines (outils, ustensiles de cuisine, vêtements, instruments de musique, jouets, armes….). Quant au travail d’équipe coordonné par le chef de mission, il n’est pas totalement remis en cause par la brièveté du séjour de Griaule (deux mois seulement) et le long terrain solitaire de Lebeuf (douze mois). Depuis Paris, Griaule continue en effet de superviser les recherches de Lebeuf grâce aux fiches manifold que lui envoie régulièrement celui-ci, seul membre permanent de Sahara-Cameroun. Il se sert également de ces notes de terrain pour former les étudiants de l’Institut d’ethnologie à la recherche de terrain.