Peintures éthiopiennes
Collecte de peintures au Godjam (1928-1929)
Au cours de sa première mission éthiopienne (1928-1929), Marcel Griaule achète quelques peintures à Addis Abeba, mais la plupart de ses acquisitions proviennent de la région du Godjam, au sud du lac Tana. Il rejoint la capitale de cette province le 22 janvier 1929 puis s’installe à la fin de ce mois à Addiet, un peu plus au nord. Il y est accueilli par le gouverneur de la région, le prince Haylou, qui y réside provisoirement pour ce que Griaule nomme une « mission de civilisation »[2], c’est-à-dire des travaux publics pour le développement de la région. Le prince Haylou, avec qui il est en contact quasi quotidien, lui fournit un interprète et le guide dans ses découvertes.
S’intéressant tout particulièrement à la vie quotidienne et aux coutumes des chrétiens d’Éthiopie, Griaule visite nombre d’églises en construction ou en réfection dans un rayon de quelques kilomètres autour d’Addiet mais aussi jusqu’à la rive sud du lac Tana où il se rend quelques jours, notamment sur la péninsule de Zagé. Il s’intéresse également aux cultes locaux aux saints éthiopiens Batra Maryam et Zara Bourouk dont il trouve des illustrations dans les peintures des églises ou dans celles qu’il commande aux peintres travaillant pour la cour de Haylou. Wouddié, par exemple, peint pour Griaule des épisodes de la vie de Zara Bourouk à l’instar de ceux qu’il est alors en train de réaliser pour les murs de l’église éponyme.
La collection rassemblée par Griaule comprend aussi des épisodes de la Passion du Christ, proches des peintures de Zara Bourouk, et des représentations des évangélistes que Wouddié réalise en mai 1929 sur le modèle d’un livre imprimé à Addis Abeba. Il utilise alors pour la première fois la peinture à l’huile, probablement à l’instigation de Marcel Griaule qui y voit une technique plus résistante.
De son premier voyage éthiopien, Griaule rapporte également une peinture qui le représente avec son compagnon Marcel Larget lors d’un banquet chez le ras Haylou. Attribuée à Wouddié[3], cette œuvre ressemble de façon troublante au « Jugement du ras Haylou » peint à Addiet en 1929 par Abbara Balay.