Photographie aérienne
Fouilles archéologiques
Lors de la mission Sahara-Cameroun (1936-1937), un avion de tourisme Pélican piloté par Georges Guyot est utilisé non seulement comme moyen de transport, mais aussi comme laboratoire permettant les prises de vue aérienne. Le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe, qui participe à cette mission et effectue à cette occasion l’exploration aérienne du Cameroun nord, fera d’ailleurs la promotion de la photographie aérienne après la Seconde guerre mondiale (à la fin de laquelle il s’engage comme lieutenant pilote dans l’Armée française de la Libération). Il fait notamment paraître en 1948 un ouvrage collectif au titre évocateur, La Découverte aérienne du monde, dans lequel Griaule publie un chapitre consacré aux usages ethnologiques de la photographie aérienne[16].
Au début de cette mission, en juillet 1936, Griaule traverse le désert du Sahara à basse altitude et rend compte de cette expérience dans son récit de voyage, Les Saô légendaires, paru en 1943. La description de ce vol a des tonalités épiques qui donnent à voir l’ethnologue en explorateur. Griaule note par exemple que « l’emploi de l’avion se recommande en territoire désertique pour arriver à une admiration sans borne de la ténacité du petit animal humain »[17]. L’ouvrage fait également le récit de la mission Niger-Lac Iro (1938-1939), lors de laquelle, comme en 1935, un avion militaire est utilisé pour les prises de vue aérienne, mis à disposition par l’escadrille de Bangui. Griaule produit alors plusieurs centaines de vues verticales et obliques des chantiers de fouille qu’il ouvre avec Lebeuf. L’ethno-archéologie naissante s’inspire ainsi de « l’archéologie aérienne » de Poidebard, même si les découvertes sont rares, les photographies aériennes servant avant tout d’illustration. Deux d’entre elles figurent par exemple dans Les Saô légendaires, tandis que celle de la ville de Gawi est publiée en 1950 dans l’article sur l’archéologie en Afrique équatoriale française que Lebeuf rédige avec sa femme Annie Masson-Detourbet pour l’Encyclopédie de l’Union française[18].