Hélène Gordon
Une ethnographe-reporter dans les médias
En dépit d’un travail de terrain rigoureux, Hélène Gordon va finalement préférer les médias grand public aux revues scientifiques pour rendre compte de sa mission. Le 7 avril 1935, elle inaugure les conférences radiophoniques sur Sahara-Soudan en intervenant sur Radio-Alger, et elle les clôt en octobre sur Paris-P.T.T. avec une description de l’architecture secrète de la société dogon [5].
Dans les deux mois qui suivent son retour, elle publie également dix articles de presse relevant tous du récit de voyage et/ou du reportage photographique [6]. Du 7 au 14 mai, dans le quotidien L’Intransigeant, elle relate ainsi en huit épisodes le déroulement et les péripéties de sa mission sous un titre racoleur et ambigu, probablement imposé par la rédaction : « Dans l’antre des démons buveurs de sang ». Dans le Monde colonial illustré du mois de mai, son texte intitulé « Les premiers Blancs chez les Dogons » présente là encore les ethnographes comme des explorateurs audacieux de mondes étranges et inconnus. Le mois suivant, Hélène Gordon publie enfin un reportage photographique sur un rituel sacrificiel dogon dans l’hebdomadaire à grand tirage Vu : « Dans les cavernes maudites des yapilu ». Avec son titre sensationnaliste et son bouquet de photographies commentées, cet article rompt avec les notes ethnographiques de l’époque et annonce la carrière journalistique de son auteur.